Mumia Abu Jamal, dans une condition physique préoccupante

Depuis quelques jours, Mumia Abu Jamal, récompensé par le prix de la Fondation Frantz Fanon en 2012, se trouve dans une situation physique critique.

Depuis le mois de janvier, il a perdu près de quarante kilos ; en mars victime d’un eczéma ravageur, il a été soigné par les médecins de la prison de Frackville, à l’aide de médicaments qui ont provoqué une importante allergie.

Début avril, après avoir été retrouvé inconscient dans sa cellule, -ce qui lui a valu une mesure d’isolement, il est interdit, par le règlement intérieur de la prison, de s’allonger sur son lit pendant la journée- il a été transféré aux services des urgences de l’hôpital de la ville. Une analyse sanguine a révélé un taux de sucre pouvant entraîné un coma diabétique ainsi qu’un taux de sodium très élevé. Pour autant, aucun spécialiste n’est venu le voir.

Ses proches alertés par cette dégradation physique importante se sont rendus à l’hôpital et ont essayé de le voir. Un refus leur a été opposé. Après des pressions insistantes, ils ont pu brièvement le rencontrer. Devant une évidente dégradation et des soins non appropriés, ils ont tenté d’obtenir et de l’hôpital et de la prison que des spécialistes consultent Mumia pour qu’un traitement adéquat lui soit donné.

Pour étayer leur demande, ils se sont appuyés sur le fait qu’il y a quelques années, John E. du Pont, héritier de la fortune du Pont, avait pu recevoir la visite régulière de plusieurs spécialistes alors qu’il était détenu dans la prison de Laurel Highlands, en Pennsylvanie.

Pourquoi les autorités de la prison refusent elles ce droit à Mumia Abu Jamal ?
Faut-il rappeler que le droit à la santé et le respect de la dignité humaine sont deux éléments importants ?

A ce sujet, signalons que la Convention européenne des droits de l’homme stipule que « l’Etat doit s’assurer que tout prisonnier est détenu dans des conditions compatibles avec le respect de la dignité humaine et que les modalités d’exécution de la mesure ne soumettent pas l’intéresse à une détresse ou une épreuve d’une intensité qui excède le niveau inévitable de souffrance inhérent à la détention et que, eu égard aux exigences pratiques de l’environnement, la santé et le bien être du prisonnier sont assurés de manière adéquate notamment par l’administration des soins médicaux requis ». (CEDH : kudla c. Pologne (GC) n° 30210/96, § 93 et 94 ; Rivière c. France n° 33834/03 §62).

Soulignons aussi que trop souvent le surpeuplement des prisons entraîne des conditions locales dégradantes aussi bien pour la santé physique que mentale. Peu trop d’attention est portée à la condition physique des détenus qui ont une réelle difficulté à accéder aux soins d’urgence.

Il est temps que, pour des raisons de sécurité ou disciplinaire, cessent d’exister des contraintes portant atteinte à la dignité humaine, au droit à la protection de la santé et à la qualité des soins.

 

Lien vidéo : www.youtube.com/watch?v=1VSYaj9Ab8U
Les amis, dont Suzanne Ross et Pam Africa, et la famille de Mumia Abu Jamal, notamment son frère Keith Cook en conversation avec la porte-parole de la prison de Manahoy, Frackville, Pennsylvanie.

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