Est-ce suffisant de rencontrer le peuple haïtien, d’affirmer une solidarité politique éloignée, très éloignée, de la compassion et de la morale pour oublier l’obligation qui lui est faite de vivre dans les rues enlaidies de Port au Prince la lumineuse beauté de ses vies en suspens ?
Les pluies torrentielles charrient vers le port, vers la redoutée Cité Soleil les détritus abandonnés par les privilégiés habitants des hauteurs. Si le racisme structurel est bien là il s’exprime dans la métaphore de la gestion compartimentée des ordures.
Au-delà de la gestion quasi impossible des détritus ménagers, reste l’arrivée refusée d’une force multinationale menée par le Kenya. L’occident déléguant ses basses besognes aux frères africains des Haïtiens qui, en leur temps, avaient insufflé à leurs frères de chaînes la rage de se libérer des horreurs de l’oppresseur. Ils ne portaient qu’une seule quête la DIGNITÉ.
Abasourdis et aliénés par l’idée du progrès porté par l’hégémonie blanche, les frères africains refusent de comprendre que ce qu’ils vont imposer à leurs frères de noirceur leur sera appliqué dès le lendemain. Agissant ainsi ils écrivent en lettres de sang l’INDIGNITÉ.
Les Haïtiens portant dans leur chair le combat de leurs héros annoncent, avec fierté et courage, refuser cette violente servitude.
Un genou à terre jamais !
Courber la tête jamais !
Résister, préparer la lutte, lutter, combattre à la force de l’émancipation des peuples, à celle du droit à l’autodétermination et à la souveraineté des peuples noirs.
Haïti debout face aux projets de pillage systématique de ses terres.
Mais Haïti est seul, ignoré de ses proches Caribéens, dos rond, pensant éviter la fureur impérialiste.
Obligation de comprendre : aujourd’hui Haïti, demain un de ces États de la CARICOM ayant agréé l’intervention armée sera le prochain sur la liste du système financier se repaissant des restes des états assassinés.
Le peuple haïtien, contre ses dirigeants faillis, contre les dents longues de la BM et du FMI, s’apprête à résister.
Le peuple haïtien est debout.
Le laisserons nous seul ?
Détournerons-nous les yeux d’un massacre annoncé ?
Assumerons-nous une solidarité en nous contentons de pleurer sur le sort de Haïti ?
Continuerons-nous à vanter les poètes et l’art haïtien alors que nous aurons participé à son extinction ?
Que vaut la beauté de la liberté offerte par le peuple haïtien si aujourd’hui nous participons à le ré enchaîner ?
Avec le peuple haïtien sauvons notre Dignité.
Haïti n’a pas besoin de larmes mais de Liberté.
Mireille Fanon Mendès France
Haiti needs Freedom, not tears
Is it enough to meet the Haitian people, to affirm a political solidarity far, far removed from compassion and morality, to forget the obligation to live the luminous beauty of their suspended lives in the rendered-ugly streets of Port-au-Prince?
The torrential rains carry the detritus abandoned by the privileged inhabitants of the heights to the port and the dreaded Cité Soleil. If structural racism is indeed present, it is expressed in the metaphor of compartmentalized garbage management.
Beyond the near-impossible management of household waste, there remains the refused arrival of a multinational force led by Kenya. The West delegating its dirty work to the African brothers of the Haitians who, in their time, had inspired their brothers in chains to free themselves from the horrors of the oppressor. Their only quest was DIGNITY.
Stunned and alienated by the idea of progress brought about by the white hegemony, the African brothers refused to understand that what they were going to impose on their brothers in blackness would be applied to them the very next day. In so doing, they are writing INDIGNITY in blood.
The Haitians who bear in their flesh the struggle of their heroes announce, with pride and courage, their refusal of this violent servitude.
Never a knee to the ground!
Never bow your head!
Resist, prepare to fight, fight, fight for the emancipation of peoples, for the right to self-determination and sovereignty of black people.
Haiti stands firm in the face of plans to systematically plunder its land.
But Haiti stands alone, ignored by its Caribbean neighbours, their backs to the wall, thinking they can avoid imperialist fury.
We have to understand: today Haiti, tomorrow one of the CARICOM states that has agreed to armed intervention will be next on the list of the financial system that feasts on the remains of murdered states.
The Haitian people, against their bankrupt leaders, against the long teeth of the WB and IMF, are preparing to resist.
The Haitian people are on their feet.
Will we leave them alone?
Will we avert our eyes from a foretold massacre?
Will we assume solidarity by simply weeping over the fate of Haiti?
Will we continue to praise Haiti’s poets and art when we’ve contributed to its extinction?
What is the beauty of the freedom offered by the Haitian people worth if today we participate in re-chaining them?
With the Haitian people, let’s save our Dignity.
Haiti needs Freedom, not tears.
Mireille Fanon Mendès France