Gaza ; un génocide à bas bruit…

English version

Les immeubles tombent les uns après les autres, les corps sombrent sous les gravats, d’autres sont blessés à vie ; pour ceux qui connaissent Gaza, les images sont implacables.

Les bombardements systématiques, pratiqués sur une grande échelle, de manière intentionnelle -les déclarations de Netanyahou et du ministre de la défense sont autant d’avertissements que la solution finale a été planifiée contre l’ensemble de la population palestinienne de Gaza – ce qui relève de la définition du génocide adoptée par les Nations Unies -article 2 ; Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide .

Face à ce génocide se déroulant sous nos yeux, la violence aveugle des images, chaque jour, monte d’un cran ; l’Etat colonisateur justifie cette barbarie gratuite par le droit de se défendre et de libérer les otages. Cet Etat est au-delà de cela.

Face à l’attaque du 7 octobre, la réponse réside-t-elle dans une action provoquant plus de morts que le nombre de personnes ayant perdu la vie ce même jour ? Et surtout, que signifie cette interprétation de la loi du Talion ?  Une question lancinante crève notre entendement : des vies valent-elles plus que d’autres ? C’est en tout cas ce que veulent faire croire tous les Etats soutenant l’Etat d’Israël en train de commettre un génocide en toute tranquillité ! Cela n’est pas nouveau, des millions d’Africains ont été mis en esclavage, avec bien peu de voix pour dénoncer et le crime contre l’humanité et le crime de génocide contre les populations indigènes ; les Africains d’Afrique du sud ont vécu pendant des décennies le crime d’apartheid dans un silence assourdissant et toujours avec peu de voix le dénonçant ; les migrants s’écrasent devant les murs dressés par les pays occidentaux ou se noient dans l’Atlantique ou dans la Méditerranée sans que la majorité des Etats et des peuples se lèvent contre ce crime organisé ; et l’on pourrait continuer la liste sans fin  des crimes contre l’humanité ou de génocide  -Soudan, République démocratique du Congo, Colombie avec une guerre civile de près de 60 ans….- commis au nom d’un droit international et d’un droit international humanitaire à géométrie variable interprété par ceux détenant la puissance des armes et le droit de vie ou de mort sur les corps qu’ils choisissent.

Si la Charte des Nations Unies reconnait à l’Etat agressé de se défendre (article 51), elle ne lui reconnait pas le droit d’utiliser une force disproportionnée, ainsi qu’en fait usage actuellement l’Etat colonisateur. Le principe de proportionnalité introduit le fait qu’une action ne doit pas être plus dévastatrice que les dommages déjà subis. Il doit y avoir une proportionnalité entre les buts et les moyens utilisés. En fait Israël ne devrait pas, au regard du droit humanitaire international, répondre par plus de violence, par une violence assumée meurtrière, à moins que cet Etat n’ait décidé de bafouer, en pleine conscience et avec arrogance, le droit et ses principes éthiques et philosophiques, surtout s’il se sent soutenu par ses amis et par tous ceux qui craignent de déplaire à l’Empire.

Dans sa riposte, l’Etat d’Israël a fait le choix de l’action illicite en violant le principe de proportionnalité et en agissant en toute illégalité puisqu’il ne respecte aucun équilibre entre l’objectif, sauver les otages, et les moyens disproportionnés, réduire l’espace habitable pour les Palestiniens de Gaza tout en réussissant à en éliminer le plus possible, au prétexte d’en finir avec le Hamas.

Dans ses bases de données de droit international humanitaire, le CICR -Comité international de la croix rouge- souligne que le principe de proportionnalité, dans le cadre de conflits non internationaux, est « inhérent au principe d’humanité ». Il a non seulement été ajouté au Protocole II à la Convention sur les armes classiques (Protocole II à la Convention sur les armes classiques, tel qu’il a été modifié (1996), art. 3, par. 8 c) (cité dans vol. II, ch. 4, par. 4) « mais il figure aussi dans des manuels militaires qui sont applicables ou qui ont été appliqués dans des conflits armés non internationaux » (Voir, p. ex., les manuels militaires de l’Afrique du Sud (ibid., par. 38), de l’Allemagne (ibid., par. 25-26), du Bénin (ibid., par. 16), du Canada (ibid., par. 19), de la Colombie (ibid., par. 20), de la Croatie (ibid., par. 21), de l’Équateur (ibid., par. 22), du Kenya (ibid., par. 31), de Madagascar (ibid., par. 32), du Nigéria (ibid., par. 35), des Philippines (ibid., par. 37) et du Togo (ibid., par. 42 ; cité dans les bases de données de droit international).

Pourquoi dès lors les bons amis de cet Etat génocidaire ne lui rappellent-ils pas le principe de proportionnalité et l’obligation de respecter le principe d’humanité ? Certaines vies valent elles plus que d’autres ?

Cette question lancinante taraude et dans le monde actuel toute décision prise pour sauvegarder le système capitaliste raciste et libéral prouve que les corps noirs et arabes valent moins que d’autres, et surtout que tous les corps racisés ne valent rien face aux corps blancs défendus par la white supremacy qui a pris comme ennemi fondamental l’Islam et tous ceux s’en réclamant ou défendant le droit de la Palestine à résister à l’occupation illégale depuis 1948 et à la colonisation, contraire aux principes portés par la IV Convention de Genève et par ses protocoles additionnels. 

Qui prononcera le nom des absents, tués par l’armée de la colonisation, uniquement pour se venger des 1 400 morts infligés par une attaque des dominés et colonisés, ayant pour seul droit de vivre et mourir dans une prison à ciel ouvert dans laquelle ne rentre que ce qui a été investigué et sélectionné par l’occupant ? Qui prononcera leur nom ? Qui regardera leur photo ? Qui demandera justice ? Qui rendra la dignité à ces morts assassinés comme de vulgaires brigands ?

En réclamant un cessez-le feu immédiat, en demandant à la Cour pénale internationale de se saisir, dans les meilleurs délais de ce crime de génocide, ceux qui se mobilisent pour le droit de la Palestine à résister à l’occupation illégale et à la colonisation portent un peu de la dignité humaine que ce système hors la loi cherche, par tous les moyens, à détruire pour mieux dominer. Il reste encore des personnes humaines préférant renoncer à leur poste afin de ne pas être complice d’un génocide annoncé, ainsi de Craig Mokhiber, directeur du bureau de New York du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, qui a quitté son poste pour protester contre le fait que les Nations Unies «manquent à leur devoir d’empêcher ce qu’il qualifie de génocide des civils palestiniens à Gaza sous les bombardements israéliens» et cite les Etats-Unis, le Royaume-Uni et une grande partie de l’Europe comme « totalement complices de cet horrible assaut ». Ceci oblige à hurler « Cessez le feu immédiat », « Cessez d’assassiner un peuple », « Arrêtez le massacre ! », « ONU, complice d’un massacre » !

Il n’est plus temps de s’indigner, il est temps de résister et de soutenir le peuple palestinien assassiné sous nos yeux. La resistance palestinienne triomphera !

Mireille Fanon Mendes France
Fondation Frantz Fanon
Ex UN Expert


Gaza; a low-key genocide…

Buildings fall one after the other, bodies sink beneath the rubble, others are wounded for life; for those who know Gaza, the images are implacable.

The systematic bombardments, carried out on a large scale, in an intentional manner – the declarations of Netanyahou and the Minister of Defense are so many warnings that the final solution has been planned against the entire Palestinian population of Gaza – which falls within the definition of genocide adopted by the United Nations -article 2; Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide.

Faced with this genocide unfolding before our very eyes, the blind violence of the images rises a notch every day; the colonizing state justifies this gratuitous barbarism by the right to defend itself and free the hostages. This state is beyond that.

Does the answer to the October 7 attack lie in undertaking an action that causes more deaths than the number of people who lost their lives that day? And above all, what does this interpretation of the Law of Talion mean? A nagging question faces us : are some lives worth more than others? At least, that’s what all the countries supporting the State of Israel, which is quietly committing genocide, would have us believe! This is nothing new: millions of Africans were enslaved, with very few voices denouncing both the crime against humanity and the crime of genocide against the indigenous populations; Africans in South Africa lived through the crime of apartheid for decades in deafening silence, and still with few voices denouncing it; migrants crush before the walls erected by Western countries, or drown in the Atlantic or the Mediterranean, without the majority of states and peoples rising up against this organized crime; and we could continue the endless list of crimes against humanity or genocide – Sudan, Democratic Republic of Congo, Colombia with a civil war lasting almost 60 years… . – committed in the name of international law and international humanitarian law of variable geometry, interpreted by those with the power of arms and the right to life or death over the bodies they choose.

While the UN Charter recognizes the right of an attacked state to defend itself (Article 51), it does not recognize the right to use disproportionate force, as is currently the case with the colonizing State. The principle of proportionality introduces the fact that an action must not be more devastating than the damage already suffered. There must be proportionality between the aims and the means used. In fact, Israel should not, under international humanitarian law, respond with more violence, with violence assumed to be murderous, unless it has decided to flout the law and its ethical and philosophical principles, in full awareness and arrogance, especially if it feels supported by its friends and all those who fear to displease the empire.

In its response, the State of Israel has opted for unlawful action, violating the principle of proportionality and acting illegally, since it does not respect any balance between the objective – to save the hostages – and the disproportionate means – to reduce the living space for the Palestinians in Gaza, while succeeding in eliminating as many as possible, on the pretext of putting an end to Hamas.

In its international humanitarian law databases, the ICRC – International Committee of the Red Cross – stresses that the principle of proportionality, in the context of non-international conflicts, is « inherent in the principle of humanity ». Not only was it added to Protocol II to the Convention on Conventional Weapons (Protocol II to the Convention on Conventional Weapons, as amended (1996), art. 3, par. 8 c) (cited in vol. II, ch. 4, par. 4) « but it also appears in military manuals that are applicable or have been applied in non-international armed conflicts » (See, e.g., the military manuals of South Africa (ibid., para. 38), Germany (ibid., paras. 25-26), Benin (ibid., para. 16), Canada (ibid., para. 19), Colombia (ibid., para. 20), Croatia (ibid., para. 21), Ecuador (ibid, para. 22), Kenya (ibid., para. 31), Madagascar (ibid., para. 32), Nigeria (ibid., para. 35), Philippines (ibid., para. 37) and Togo (ibid., para. 42; cited in international law databases).

So why don’t the good friends of this genocidal state remind it of the principle of proportionality and the obligation to respect the principle of humanity? Are some lives worth more than others?

It’s a nagging question, and in today’s world, every decision taken to safeguard the racist, liberal capitalist system proves that black and Arab bodies are worth less than others, and above all that all racialized bodies are worth nothing compared with the white bodies defended by the white supremacy, which has taken Islam and all those who claim to be its fundamental enemy, or who defend Palestine’s right to resist the illegal occupation since 1948 and the colonization that runs counter to the principles enshrined in the Fourth Geneva Convention and its Additional Protocols.

Who will pronounce the names of those absent, killed by the army of colonization, solely in revenge for the 1,400 deaths inflicted by an attack on the dominated and colonized, whose only right is to live and die in an open-air prison into which only what has been investigated and selected by the occupier fits? Who will speak their name? Who will look at their photo? Who will demand justice? Who will restore dignity to these dead, murdered like common thieves?

By calling for an immediate ceasefire, by asking the International Criminal Court to take up this crime of genocide as soon as possible, those who mobilize for Palestine’s right to resist illegal occupation and colonization are carrying a little of the human dignity that this outlaw system seeks, by all means, to destroy in order to better dominate. There are still human beings who prefer to give up their jobs so as not to be complicit in a genocide foretold, such as Craig Mokhiber, Director of the New York office of the United Nations High Commissioner for Human Rights, who quit his post to protest that the United Nations is « failing in its duty to prevent what he describes as the genocide of Palestinian civilians in Gaza under Israeli bombardment » and cites the US, UK and much of Europe as « totally complicit in this horrific assault ». This compels us to cry out : « Immediate Cease fire », « Stop murdering a people », « Stop the massacre! », « UN, accomplice to a massacre »!

It’s time to resist and support the Palestinian people, murdered before our very eyes. Palestinian resistance will triumph!

Mireille Fanon Mendes France
Frantz Fanon Foundation
Ex UN Expert

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