Campagne internationale pour la Libération de Moussa Tchangari
D’après des sources sures à Niamey, les conditions de détention de notre camarade Moussa Tchangari se détériorent avec le refus de récupérer les repas préparés par sa famille depuis hier matin.
Par ailleurs, les autorités font obstruction à la poursuite des activités de veille citoyenne d’Alternative dans la région de Diffa en conditionnant notre travail à la délivrance d’une autorisation écrite du ministre de l’Intérieur. C’est un glissement pernicieux.
Par ailleurs, Amnesty International et le Comité de Suivi du Forum Social Maghrébin ont publié chacun un communiqué dont nous reproduisons les textes ci-dessous :
Amnesty International
19 mai 2015, 19:09 UTC
Le Niger doit immédiatement libérer un défenseur des droits humains arrêté à la suite de ses prises de position sur l’inculpation de six chefs de villages pour « refus de collaborer » avec les autorités dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.
Moussa Tchangari, secrétaire général de l’organisation de défense des droits humains, Alternatives Espaces Citoyennes (AEC), a été arrêté lundi 18 mai par des éléments de la brigade anti-terroriste de Niamey. Il rendait visite aux chefs de villages qui y étaient détenus depuis vendredi.
Des attaques menées par Boko Haram ont créé une instabilité dans la région de Diffa, au sud-est du Niger. Des éléments de Boko Haram avaient, le mois dernier, attaqué une île située sur le lac Tchad faisant de nombreux morts dont des civils et des militaires. La situation avait poussé le gouvernement à évacuer les populations des îles situées le long du lac. L’organisation AEC a publié deux rapports sur les allégations d’attaques contre des civils durant la période d’évacuation.
La lutte contre Boko Haram et les exigences de sécurité nationale ne doivent pas constituer un prétexte pour mener des arrestations qui ne sont pas fondées sur une base légale solide et sur le respect des droits humains. Les arrestations arbitraires et la détention sans inculpation ne doivent pas être l’arme qui réduit au silence ceux qui exercent pacifiquement leur droit à la liberté d’expression.
Gaëtan Mootoo, chercheur d’Amnesty International pour l’Afrique occidentale et centrale
« Le droit à la liberté d’expression est un droit individuel fondamental et le fait de se prononcer sur les accusations contre ces six chefs de villages ne doit pas conduire à une arrestation d’un individu. Les autorités nigériennes doivent immédiatement libérer Moussa Tchangari ».
Selon des informations recueillies par Amnesty International, Moussa Tchangari n’a pas encore été inculpé mais est actuellement détenu dans les locaux de la brigade anti-terroriste.
Le gouverneur de Diffa avait décrété l’état d’urgence et interdit la circulation jour et nuit des véhicules à deux roues. Une mesure qui a empêché les populations de se déplacer et certains agriculteurs d’exporter leurs produits vers les marchés de l’intérieur du pays, selon les informations recueillies par Amnesty International.
L’organisation AEC a reproché aux autorités nigériennes d’avoir pris des mesures préjudiciables aux populations en violation des dispositions du Pacte international des droits civils et politiques (PIDCP).
Amnesty International appelle les autorités du Niger à protéger les populations civiles déplacées des îles du lac Tchad et à prendre toutes les dispositions nécessaires pour leur accueil et leur réinstallation dans des conditions dignes et sans aucune violation de leurs droits fondamentaux.
Comité de Suivi du FSMaghreb
Pour la libération immédiate et inconditionnelle de notre camarade et militant Moussa Tchangari
Nous, dynamiques maghrébines, réunis en comité de suivi du Forum Social Maghrébin, le 22 et 23 mai 2015 à Casablanca, dénonçons avec force l’arrestation de l’activiste des droits humains nigérien Moussa Tchangari, secrétaire général de l’AEC le 18 mai dernier.
Cette arrestation survient après la publication d’un rapport sur la proclamation de l’état d’urgence dans la région de Diffa et le déplacement forcé des habitants des iles nigériennes du lac Tchad.
En effet, Tchangari dénonçait les violations des droits de ‘homme commises par le gouvernement nigérien dans le cadre de cette opération où des dizaines de milliers d’habitants ont été expulsés dans des conditions inhumaines et sans aucun soutien de l’État sous prétexte qu’ils nuisaient aux opérations de l’armée nigérienne contre Boko Haram.
Nous pensons que cette arrestation vise essentiellement à sanctionner des activités pacifiques menées par les défenseurs des droits humains au Niger.
Pour cela, nous rejoignions les appels lancés par les différentes organisations internationales des droits humains pour demander la libération immédiate et inconditionnelle de l’activiste des droits humains. Moussa Tchangari, car la lutte contre les terroristes de Boko Haram ne doit pas être instrumentalisée pour justifier toutes sortes d’exactions.
Comité de suivi FSMAGHREB
Casablanca, le 23 mai 2015