Séparatisme : un pas de plus dans l’indignité

English version

Dans l’atmosphère pesante d’une pandémie qui n’en finit pas de finir, dans une France saisie par l’incurie d’un gouvernement qui n’est plus à démontrer, la majorité des députés présents,  lors de la séance du 4 février 2021, y compris ceux qui se sont élevés contre la loi sécurité globale, ont voté pour l’adoption de l’article 4 de la loi « séparatisme », dans une unanimité mettant le cœur hors les lèvres : 

Nombre de votants : 134 députés présents sur 577 élus
Nombre de suffrages exprimés : 130
Majorité absolue : 66
Pour : 130
Contre : 0
Abstention : 4

Analyse du scrutin n° 3361

Ce vote est une nouvelle démonstration de la colonialité du pouvoir, et de la faillite de la classe politique française. Il est révélateur que pas un seul député n’ait voté contre cet article particulièrement répressif, punissant de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende toute attitude considérée comme menaçante à l’encontre d’un agent du service public.  La France politique qui se laisse guider par la xénophobie de la république en marche accepte qu’une partie des citoyens français, dont les noirs, les arabes et/ou musulmans soient perçus comme menaçants et vus comme des terroristes. Avec cet article, les députés, élus pour représenter les personnes qui ont voté pour eux, parmi elles, des noirs, des arabes et/ou des musulmans, viennent légaliser et renforcer la violence d’Etat qui s’abat déjà sur ces corps qui n’ont jamais cessé d’être racisés et racialisés.

Il est inutile de commenter l’attitude de ceux qui ont voté Pour. Ceux-là assument ouvertement leur soutien au racisme d’Etat et à son renforcement. L’indignité se trouve dans la complicité de ceux qui se sont abstenus ou de ceux qui ne se sont pas donné les moyens de participer à ce vote, permettant ainsi l’adoption sans opposition de cet article. 

Certains députés, ayant voté pour cet article 4, sont membres de partis politiques ou d’organisations qui représentent les intérêts des précaires, des banlieues, des migrants et s’inscrivent dans la lutte antiraciste ; votant pour cette indignité, ils démontrent au service de quels intérêts ils oeuvrent. Leur idée du peuple nie notre existence. Cette représentation politique indigne ne représente qu’elle-même et participe à la colonialité du pouvoir et à celle que des Êtres imposent à ceux qu’ils considèrent comme des Non Êtres.

Avec les lois « sécurité globale » et « contre le séparatisme », la devise, Liberté, Egalité, Fraternité, dont s’enorgueillit le président de la république qui s’en veut le garant, devient Subjugation, Colonialité, Exclusion.

La Fondation Frantz Fanon appelle à se mobiliser contre le racisme structurel et particulièrement contre la négrophobie et l’islamophobie et réaffirme son soutien à la constitution d’une Coordination autonome de lutte contre l’islamophobie, dont la loi contre le séparatisme est la partie visible de l’iceberg. 

Résistons au séparatisme que l’Etat veut imposer et ne craignons pas de dénoncer les prétendus représentants du peuple qui se font l’écho de politiques liberticides, racistes et racialisantes.  

Fondation Frantz Fanon

Rassemblement contre la Loi Séparatisme Dimanche 14 février au Trocadéro à 13 heures !


Separatism: a step further into indignity

In the heavy atmosphere of a pandemic that never ends, in a France seized by the negligence of a government that is no longer to be proven, the majority of deputies present at the session of February 4, 2021, including those who spoke out against the Global Security Law, voted for the adoption of Article 4 of the « separatism » law, in a unanimous vote that put the heart out of mouth:

Number of voters: 134 deputies present out of 577 elected representatives.
Number of votes cast: 130
Absolute majority: 66
For : 130
Against: 0
Abstention : 4

Analysis of Vote No. 3361

This vote is a new demonstration of the coloniality of power, and of the bankruptcy of the French political class. It is telling that not a single deputy voted against this particularly repressive article, punishing with 5 years imprisonment and a fine of 75,000 euros any attitude considered threatening to a public servant. Political France, guided by the xenophobia of République en Marche, accepts that a part of French citizens, including blacks, Arabs and/or Muslims, being perceived as threatening and seen as terrorists. With this article, the deputies, elected to represent the people who voted for them, among them blacks, Arabs and/or Muslims, come to legalize and reinforce the state violence that already falls on these bodies that have never ceased to be racialized.

It is useless to comment on the attitude of those who voted for the article. They openly assume their support for state racism and its reinforcement. The indignity lies in the complicity of those who abstained or those who did not give themselves the means to participate in the vote, thus allowing the adoption of this article without opposition.

Some deputies, having voted for this article 4, are members of political parties or organizations that represent the interests of the precarious, the poor suburbs, the migrants and are pretending to take part in the anti-racist struggle; by voting for this indignity, they demonstrate in whose service they work. Their idea of the people denies our existence. This unworthy political representation only represents itself and participates in the coloniality of power and the coloniality that Beings impose on those they consider to be Non-Beings.

With the laws of « global security » and « against separatism », the french motto « Liberty, Equality, Fraternity » which the President of the Republic, who claims to be the guarantor, is proud of, becomes « Subjugation, Coloniality, Exclusion. »

The Frantz Fanon Foundation calls for mobilization against structural racism and particularly against negrophobia and islamophobia and reaffirms its support for the constitution of an autonomous Coordination for the fight against islamophobia. The law against separatism is only the visible part of the iceberg.

Let us resist the separatism that the State wants to impose and let us not be afraid to denounce the so-called representatives of the people who echo liberticidal, racist and racializing policies.

Frantz Fanon Foundation

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