Face aux périls : un appel au débat et à l’organisation des Algériens

Face aux périls : un appel au débat et à l’organisation des Algériens

PROPOSITION POUR LA CONSTITUTION D’ASSEMBLÉES CITOYENNES

Ghazi Hidouci, Hocine Malti, Omar Benderra, Madjid Laribi, 11 janvier 2012

• Vingt ans après le coup d’état du 11 janvier 1992 et la remise en cause du processus démocratique, la situation du pays s’est très profondément aggravée. La détérioration interne et le contexte international exigent la plus grande vigilance et une mobilisation soutenue et urgente si nous voulons épargner à notre pays, cadenassé par un régime autiste, une profanation de ses valeurs et de son Histoire. Et pour éviter de voir nos ressources nationales pillées par un néo-colonialisme renouvelé et encore plus prédateur. Pour que la vie de nos enfants ne soit plus menacée par les vassaux de l’intérieur.

• La situation est alarmante. Elle exige une lecture correcte et avisée sur le devenir de notre pays qui ne doit plus avoir pour fatalité de vivre la domination, payer le lourd tribut du sang pour s’en débarrasser et revenir à nouveau à la case départ coloniale. Seule une évaluation correcte de la réalité permet de dégager des perspectives politiques justes et réalistes.

• L’Algérie est en situation de péril. Elle exige notre mobilisation agissante pour une résistance nationale populaire, citoyenne et organisée pour sauver le pays et préserver l’avenir déjà lourdement compromis de sa jeunesse.

Cette proposition s’adresse à tous les Algériens, femmes et hommes, ouvriers, paysans, fonctionnaires, commerçants, intellectuels, cadres civils et militaires, médecins et professionnels de santé, enseignants et étudiants, travailleurs du secteur privé et du secteur public, salariés et entrepreneurs, militants syndicalistes, artistes, artisans, à ceux qui résident en Algérie et ceux qui vivent à l’Étranger. A tous, devant le vide politique et la confusion il appartient de nous organiser pour :

  • Le rejet de l’ingérence étrangère, en refusant les élections préfabriquées, dictées par l’Occident.
  • La mobilisation générale par la constitution d’Assemblées citoyennes.
  • La résistance nationale autour d’un gouvernement authentique, de conduite des réformes, et de préparation de vraies élections consacrant l’État de droit et la souveraineté du peuple.
  • L’amélioration et la mise en œuvre de cette proposition en vue de la constitution d’une Assemblée Citoyenne.

État des lieux

1 – Notre pays peut-être à tout moment sujet à intervention étrangère. L‘ensemble de la région arabe, en attendant d’autres régions comme l’Iran plus résistante, est désignée pour être soumise, cette fois définitivement. La guerre est déclarée sous forme politique par les conditions américaines visant à la refonte des institutions dans le but de l’affaiblissement durable des peuples arabes par les guerres internes, la pauvreté généralisée et l’arriération structurelle.

L’enjeu de la guerre, qui a pris déjà forme d’intimidations, de chantages et d’immixtions directes de plus en plus humiliantes et de plus en plus autoritaires, est de :

  • Contrôler le pétrole,
  • Disposer des réserves de devises au moment de la plus grande crise monétaire du monde occidental,
  • Subordonner enfin définitivement les peuples qui refusent la domination israélienne revendiquée par les sionistes pleinement en phase avec la pensée dominante en occident,
  • Rendre impossible toute idée et tout projet d’Islah éducatif, politique et économique pouvant conduire à une authentique Nahda civilisationnelle.

Par la dictature, la corruption, la tyrannie et les divisions, les régimes politiques arabes « nationalistes » et « islamiques » ont, depuis soixante ans, préparé les conditions internes de la recolonisation.

2 – Les États arabes, en échec total de libération nationale, d’État de droit, de justice, de progrès social et économique, sont totalement coupés de leurs peuples qui leur tournent le dos et souhaitent souvent l’intervention extérieure, croyant naïvement pour certains qu’elle pourrait les débarrasser de leurs tyrans. L’irresponsabilité et la corruption ont conduit les peuples musulmans à perdre la culture de résistance qui leur a fait vaincre les siècles de régression et leur a permis de refuser la colonisation.

3 – Les États-Unis, l’OTAN, la France et le Royaume-Uni imposent, dans cette situation, une « réforme » honteuse en deux points :

  • Mettre en place des parlements selon la formule consacrée des élections contrôlées, excluant les peuples, selon le modèle classique de contrôle des populations en Occident. Ces puissances veulent imposer ainsi une polyarchie, un pouvoir exercé sur une majorité par une minorité de technocrates, d’oligarques financiers et d’appareils claniques. Nous refusons donc tout débat fallacieux sur les élections – présentées à tort comme l’expression démocratique suprême – tant que l’exercice politique, économique et informationnel du peuple n’est pas mis en évidence.
  • Faire entériner aux régimes clients des accords économiques, commerciaux et financiers inégaux qu’aucun courant politique et idéologique ne condamne tant la cécité politique est de rigueur. Ces accords ruinent les peuples chaque jour et les empêchent de se battre pour survivre, pour sauvegarder leur dignité, pour arracher quelques miettes à un gâteau arraché de haute lutte et dont ils sont privés.

Si les régimes refusent de souscrire à ce diktat, l’Occident a la volonté, au nom des « droits de l’homme » et de l’ingérence humanitaire, de leur faire une guerre ouverte avec l’aval de l’ONU et de la Ligue Arabe.

4 – Le tour de notre pays serait-il arrivé ? Depuis quelques mois, nous sommes agressés et avilis quotidiennement et dans le plus grand silence des gouvernants : l’ambassadeur américain sillonne l’Algérie et affiche sa détermination à dicter la politique extérieure en matière de terrorisme, de gestion de l’armée, d’élections et de loi des hydrocarbures. Les puissances coloniales haussent le ton et réclament des comptes. Le ministre des affaires étrangères algérien n’est-il pas venu présenter le programme de « réformes » du pouvoir à l’Assemblée nationale française ?

5 – Le silence assourdissant de l’État et sa servitude sans discussion ni résistance, est l’expression de sa dégénérescence. Craignant de perdre le pouvoir et pensant bénéficier de la clémence des Etats-Unis il n’a à offrir que sa servilité. C’est une posture de soumission calculée d’un régime dont les USA, l’OTAN et Israël exigeront toujours plus jusqu’à sa disparition. L’État, sourd aux menaces extérieures, incapable de les affronter, est totalement absent pour répondre aux préoccupations des populations et leur éviter de se fourvoyer dans des diversions et la confusion.

6 – Dans une telle situation d’absence et de déliquescence, au moment où l’État ou ce qu’il en reste subit passivement les évolutions géopolitiques, voilà que le régime annonce des élections qui ne reposent pas sur un agenda national dicté par la bonne gouvernance, qui ne prévoient qu’une alternance démocratique de façade et qui ne répondent pas aux attentes populaires. Ces élections entrent dans le cadre d’un scénario étranger, le même que celui qui a annulé les élections de 1991/92. Les Etats-Unis parrainent aujourd’hui des élections parce qu’ils sont convaincus qu’une victoire des « islamistes » redevenus redevables envers eux et fréquentables par « la communauté internationale » ne remettra pas en cause leur domination économique et l’alignement sur leur options stratégiques, notamment vis-à-vis de l’Iran. Comme les gouvernants et leurs autres opposants de façades, les « islamistes » affichés comme tels se taisent pour se faire accepter en attendant leur tour à « l’alternance ».

Tout comme les gouvernants, ils se désintéressent de ce qui préoccupe les gens dans leur quotidien et leur avenir. A titre d’illustration, il n’existe aucun débat sur les démarches de création d’emploi, sur les politiques industrielles, sur la dynamique politique de la transition vers les libertés, sur l’émergence d’un front de défense de la souveraineté nationale. La seule note dominante est le maintien au pouvoir ou l’accès au pouvoir, pour le pouvoir ou pour la revanche, sans programme politique, économique et social. L’intérêt mercantile ou partisan prime sur toute considération nationale et géopolitique. La vie quotidienne des salariés et des PME est aux mains du marché informel qu’il s’agisse de l’alimentation, des pièces détachées, des médicaments ou de tous autres besoins. Ce sont les couches vulnérables de la population, de plus en plus paupérisée, qui subissent la loi de l’économie informelle en attendant de subir celle de la globalisation impériale.

En résumé, le peuple, de choc en choc, a été rendu insensible à l’incompétence et à l’absence de l’État qui se manifestent pourtant par :

  • L’incapacité de ses agents économiques privés et publics à produire efficacement de la richesse nationale, à l’échanger d’une manière efficace et à la redistribuer équitablement.
  • L’incapacité à produire de la pensée politique.

Ce sont pourtant les deux conditions préalables à l’Islah qui suppose de vraies réformes politiques et économiques, ainsi qu’une révolution globale qui conduirait sur la voie d’une authentique Nahda souhaitée par tous.

Ces conditions ont été occultées par la course aux postes, à l’affairisme, à l’organisation clanique ou sectaire et à l’autocratie. L’infantilisme et l’opportunisme priment sur le besoin vital de pensée, d’organisation et d’action. Que les régimes soient faussement nationalistes, faussement islamistes, faussement modernistes ou un maelström de ces courants, le système ne bouge pas en raison de la complicité des appareils, fondée sur le partage de la manne financière et la vassalisation à l’Étranger.

Que les Algériens, ne soient pas trompés par une fausse alternative entre le régime actuel ou les pseudo-révolutions. Les deux n’ont ni programme politique, ni économique, ni projet d’indépendance nationale. Les deux, systèmes seront fatalement soit de nouveaux vassaux contraints à davantage de concessions, soit des belligérants dans une guerre civile à venir. Les deux scénarios arrangent les Etats-Unis, l’OTAN et les sous-impérialismes. Les Algériens doivent rompre avec les agendas extérieurs et se fédérer autour de la résistance et son corollaire, l’indépendance nationale.
7 – La réalité obstinée, celle qui apportera la contradiction à l’OTAN se construira grâce à la grande maturité politique des Algériens hors de l’État et en rupture avec l’organisation classique des appareils. Des femmes et des hommes, attachés à leur peuple, à leur patrie, connus pour leur constance, leur probité morale et intellectuelle, leur fidélité aux idéaux du 1er Novembre 1954,ces Algériens en harmonie avec eux-mêmes, avec l’histoire et les valeurs de leur pays s’interrogent et interrogent la conscience collective : Sommes-nous colonisables ? Devons-nous accepter de revivre ce que nous avons vécu 132 années durant ?

Perspective politique

Nous appelons les Algériens, civils et militaires, capables de s’exprimer et d’agir, de le faire de toute urgence sans attendre le fait accompli, l’instauration imminente d’une situation irréversible et inacceptable.

1 – Nous en appelons à la détermination inébranlable des citoyens, hommes et femmes, à celle de l’ANP, djounouds et officiers, pour opposer un front uni aux Etats-Unis, à l’OTAN et aux sous-impérialismes afin de les empêcher de nous attaquer, de détruire notre souveraineté, de nous recoloniser, de démanteler notre pays, de confisquer nos richesses nationales et, encore moins, de nous entraîner dans un insoutenable déchirement fratricide.

2 – Nous appelons les Algériens à la tenue dans les délais les plus brefs d’Assemblées citoyennes selon les moyens localement disponibles sur l’ensemble du territoire national pour exprimer ensemble la résistance contre l’ingérence étrangère, débattre des revendications politiques d’émancipation et faire émerger par les Algériens et pour les Algériens les propositions de changement pacifique de notre pays.

3 – Nous appelons à l’émergence d’un État digne de ce nom qui œuvre pour la démocratie et le respect de la souveraineté nationale. Cet État de droit et de dignité doit commencer à se manifester dans les Assemblées citoyennes. Il doit exprimer sa capacité à s’organiser et à mobiliser tous les citoyens pour les grands chantiers politiques et économiques de l’Islah, la vraie Réforme, celle rêvée pendant notre grande Révolution de 1954. La situation concrète que traverse le pays est exceptionnelle et la réponse doit être à la hauteur des enjeux : une solution nationale existe, nous devons faire en sorte qu’elle se manifeste. Que ces Assemblées citoyennes soient le lieu et le moment fédérateurs des Algériens épris de liberté et de justice, le lieu et le moment fondateurs d’une nouvelle Algérie libre, indépendante et souveraine. Ces Assemblées citoyennes seront donc des forums où s’exprimeront la solidarité sociale et la parole politique libre d’où émergera une plateforme de pensée et d’action en faveur de la Résistance et du Progrès.

4 – Ces Assemblées citoyennes doivent être le lieu où l’examen de situations concrètes sera en partage, libre, sans œillères idéologiques, dénué de tout esprit sectaire et partisan, développée avec intelligence et cohésion afin que nous soyons tous en capacité d’envisager des hypothèses et des propositions d’ensemble. Nous sommes un pays en mutation ; cela exige un débat vital stratégique hors des appareils et des institutions classiques sclérosées et corrompues. Il n’appartient donc pas aux promoteurs de cet appel de s’instituer comme tuteur des Assemblées citoyennes mais d’être à leur service, si elles le demandent pour leur apporter conseil et expertise.

5 – Nous appelons à la dynamique sociale et à la pratique politique révolutionnaire pacifique de construire, d’organiser et de hiérarchiser les encadrements et les territoires des Assemblées citoyennes en partant de la cellule citoyenne du quartier jusqu’à l’Assemblée Citoyenne Nationale en passant par les Assemblées citoyennes territoriales. Les Assemblées Citoyennes ne sont ni anarchie, ni instrument de lutte contre le système en place, ni organe d’un parti existant ou à créer ultérieurement. Elles sont l’alternative autonome et dynamique qui peut imposer le changement et la rupture par :

  • l’appropriation citoyenne du débat d’idées,
  • l’initiative historique pour le salut de l’Algérie,
  • la force de proposition politique et économique pour une Algérie indépendante, souveraine et prospère sans exclusive ni exclusion.

6 – Nous appelons, pour cela, à nous mettre, tous, en position de citoyens qui se donnent la légitimité par la reconnaissance mutuelle et la libre adhésion à exercer leur capacité d’analyser, d’énoncer, de proposer, et de faire. Notre indépendance des gouvernants, des partis et de l’Étranger est vitale pour garantir cette compétence et être une force de proposition pour la libération et l’édification de notre nation. Nous appelons donc à ne plus se confiner dans la position « d’oppositionnels », et à compter sur nous-mêmes en tant que citoyens et sur le travail que nous sommes capables de faire et déployer en solidarité, pour nos institutions collectives et pour nous-mêmes en tant qu’individus. Notre citoyenneté, nous la construisons par nous-mêmes et c’est elle qui fixera le contenu et le fonctionnement de l’État de droit, de la démocratie et des institutions nationales sans servitude et sans alignement idéologique.

7 – Nous appelons à croire et à faire confiance à notre culture commune et à nos valeurs partagées inaltérables. Nous en appelons au respect de notre identité musulmane et à la reconnaissance de la richesse de nos populations arabes et berbères. Fort de notre patrimoine national riche et divers que ni le temps ni les vicissitudes du colonialisme ne sont parvenus à entacher ou à déchirer, nous ne devons pas demeurer dans une posture attentiste en quête de solutions qui tomberaient en normes parachutées. En tant que citoyens, nous ne nous en remettons pas aux tutelles bureaucratiques en place, ni à une organisation imposée par l’extérieur, ni à un groupe d’usurpateurs fondant sa légitimité sur la force et les armes.

Nous appelons tout particulièrement les Forces Spéciales, l’Aviation militaire, la Marine Nationale, leur commandement, leurs officiers et sous-officiers à ne pas dévier de leur vocation de Défense du Territoire et se retrouver dans l’engrenage infernal qui les placerait comme auxiliaires de l’OTAN.

8 – Nous appelons à exprimer notre attachement à l’Armée Nationale Populaire que nous voulons forte, unie et populaire au service du peuple et de ses choix citoyens, non soumise à un système occulte agissant contre les intérêts du peuple. L’ANP et ceux qui la dirigent doivent en premier et dernier ressort respecter notre culture et nos valeurs. Notre appel met en garde ceux qui seraient tentés de croire que les Etats-Unis sont du côté du peuple en faisant miroiter qu’ils veulent punir les généraux algériens par amour du peuple ou par désir de justice. Il ne s’agit que d’une manœuvre pernicieuse pour capter notre sympathie tout en nous berçant d’illusions, alors qu’ils ne sont mus que par un seul but, celui de servir leurs intérêts. Nos problèmes et nos contentieux doivent être réglés entre nous, par nous et en fonction de nos intérêts nationaux.

9 – Nous appelons les Assemblées Citoyennes à promouvoir un régime de gouvernance politique et économique qui doit évidemment, être démocratique, stable, juste et efficace dans le respect de notre culture et de nos valeurs. L’ensemble des politiques seront sous le contrôle de Citoyens libres et responsables sans dictature. Nous appelons à une répartition transparente et cohérente des pouvoirs et des prérogatives entre le Président de la République, les élus, et l’exécutif de façon que le pays soit gouverné comme un ensemble homogène.

10 – Nous appelons à l’instauration d’un Régime parlementaire. Le régime parlementaire dans sa formulation existante n’est ni la panacée, ni la garantie suffisante contre le retour de la dictature. Nous appelons donc à un affinement théorique, méthodologique et pratique du Régime parlementaire adapté à l’Algérie. Pour l’instant et dans la culture qui est la nôtre, mettre le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et une partie du pouvoir judiciaire sous le régime des partis est un pari dangereux. Il faut au préalable construire la maturité politique, la liberté vis-à-vis de l’ingérence étrangère sinon il serait dangereux et irresponsable de soumettre en l’état des choses la démocratie, le pouvoir, les institutions et le peuple algérien aux partis politiques issus du résultat du scrutin universel même s’il offre les conditions apparentes de légalité et de transparence. Il faut donc au préalable mettre en place le cadre de la légitimité parlementaire et créer le minimum de garanties sociales, politiques et économiques que nul ne pourrait transgresser :

  • La réconciliation de la Nation ;
  • L’enracinement du sentiment démocratique et de la Citoyenneté qui refusent au gouvernant d’être oppresseur et au gouverné d’être opprimé. C’est à l’Assemblée citoyenne de créer un observatoire de veille sur la maturité de la conscience sociale et politique, le fonctionnement transparent des institutions et l’examen des garanties politiques, économiques et médiatiques pour le respect des libertés ;
  • La réponse par la Justice indépendante, dans un climat de réconciliation nationale et avec responsabilité morale, civile et pénale, aux dénis de droit commis contre le peuple algérien et aux familles des victimes et des disparus de la violence des deux dernières décennies.

Nous appelons donc à refuser dans l’immédiat le système mimétique que l’on cherche à nous imposer comme nous appelons à une phase de transition démocratique. La phase transitoire de la révolution citoyenne algérienne doit durer le temps que l’Algérie retrouve sa santé politique, sociale, économique, militaire et diplomatique. Ce sont les Assemblées citoyennes, non partisanes et composées des différentes couches sociales algériennes, qui fixeront le calendrier car elles sont la dynamique et la garantie du succès de la Révolution de libération nationale.

Nous appelons donc, par réalisme et par exigence d’efficacité sociale et politique devant le complot international, à donner le temps à l’émergence de partis politiques à la hauteur des ambitions du pays et de sa position géopolitique. Ce temps sera mis à profit bien entendu pour exercer progressivement et parfaire l’expérience d’une vie parlementaire ainsi que celle d’une opposition positive et constructive qui soutient ce qui est soutenable et qui dénonce et s’oppose à ce qui est blâmable.

11 – Nous appelons au respect d’une période de transition avec la configuration suivante :

  • Un régime mixte, qui soit partagé équitablement entre l’élu au suffrage universel et l’exécutif assurant la transition et désigné par les Assemblées Citoyennes issues du cadre de la résistance populaire qui dure le temps que l’impérialisme extérieur cesse ses violences contre l’Algérie et que se prépare sérieusement des élections à une assemblée législative (islamiste, non islamiste, mixte) mais surtout libérée du péril de l’ingérence étrangère.
  • La transition mettra en place les mesures « urgentes » comme la réforme de la police et des appareils de sécurité, l’indépendance de la justice et la décentralisation effective des territoires et des pouvoirs. Elle assumera la Gouvernance, en économie, les États généraux des politiques de structure, du chômage, de l’éducation, de la culture, de l’énergie, de l’armée, du commerce, de la monnaie et des finances extérieures.
  • La période transitoire est une ouverture vers une expérience démocratique qui se veut matière à réflexion et à recherche de solutions, tant dans les ancrages historiques et civilisationnels nationaux que dans les autres expériences humaines dignes d’intérêt. Elle s’appuie sur la confiance entre les citoyens, sur le soutien populaire, et sur l’expression des compétences nationales qui apporteront les solutions les plus adaptées, les plus cohérentes et les plus efficaces à la dimension historique, territoriale, sociale et culturelle de l’Algérie. Elle se veut à la fois préparation à la responsabilité et réponse aux attentes et aux talents des générations montantes. C’est une résistance dans la continuité de l’esprit de la glorieuse Révolution lancée le premier novembre 1954 pour achever et consacrer la libération nationale de l’Algérie et des Algériens.

Que faire dans l’immédiat ? Mobilisation générale !

1 – Nous devrons mener une action transparente et publique avec et auprès de différentes franges de la population : Ouvriers habitants des quartiers populaires, étudiants, intellectuels, djounouds, sous-officiers et officiers de l’armée, membres des corps constitués, militants des partis politiques et des associations…

2 – Nous interviendrons dans et à propos de situations cruciales de l’heure et les suivre dans leur évolution future.

3 – Nous déploierons un effort assidu, inlassable, soutenu et concerté pour nous libérer du « Consensus de Washington » et de ce qu’il implique comme politique de vassalisation étatique et d’exploitation des pauvres.

4 – Nous dénoncerons et nous nous opposerons à la volonté impériale de l’OTAN de partitionner la région en sous-États confessionnels, tribaux, ethniques ou claniques et à en faire des régimes inféodés, conduits à marche forcée vers le Grand Moyen-Orient made in USA ou la Politique Européenne de Voisinage supervisée par la France et la Grande-Bretagne. Nous devrons construire nous-mêmes les espaces d’émancipation pour nos peuples libérés de toute hégémonie.

5 – Nous pourchasserons les nouveaux colonisateurs, ces rapaces qui se sont accaparés des ressources nationales. La participation au démantèlement de cette organisation mafieuse est une obligation inéluctable pour chaque algérien car le colonialisme possède deux mâchoires : la corruption, à l’intérieur, et l’agression brutale, venant de l’extérieur.

6 – Nous nous insurgerons, à travers les Assemblées citoyennes, partout où elles prendront forme, contre l’exploitation, les guerres néocoloniales et impériales et les inégalités.

7 – Nous clarifierons les idées et les positions et ferons ressortir les liens qui existent entre ceux qui prônent la guerre à l’intérieur contre une partie de la population et ceux qui, à l’extérieur, mènent d’autres guerres contre de nombreux autres peuples (Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye, Palestine…)

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